Depuis 2006, le Global Gender Gap Index mesure la parité entre les hommes et les femmes à travers le monde.
NOTA voir aussi L’Indice d’égalité des sexes en UE de l’EIGE
- Ca donne quoi pour l’ensemble de l’UE? https://eige.europa.eu/gender-equality-index/2023/EU
- Et pour la FRANCE ? https://eige.europa.eu/gender-equality-index/2023/FR
Basé sur quatre dimensions : la participation économique et les opportunités, les acquis éducatifs, la santé et la survie et enfin, l’autonomisation politique. En 2022, 146 pays ont été étudiés, les scores sont mesurés sur une échelle de 0 à 100, permettant d’interpréter les résultats comme la distance parcourue vers la parité.
L’écart mondial entre les femmes et les hommes se réduit, mais il reste du chemin à parcourir …
L’indice 2022 montre que l’écart global entre les sexes a été réduit de 68,1%. Cependant, le temps nécessaire pour atteindre la parité totale est à la date des mesures élaborées de 132 ans si on conserve la vitesse d’évolution actuelle!
Ce temps a diminué de quatre ans par rapport à 2021. Bonne nouvelle ? Non, car il y a eu une perte du fait du #Covid19 entre 2020 et 2021. Sans l’épidémie, nous aurions dû atteindre symboliquement la durée de 100 ans, autrement dit on a reculé potentiellement de 28 ans en un an !
Dans l’indice d’écart de genre 2022, les performances des pays varient considérablement et ce, dans tous les domaines.
L’Islande est en tête du classement, tandis que l’Afghanistan se classe (sans surprise) dernier.
Les dimensions du niveau d’éducation et de la santé et de la survie sont celles qui ont le moins varié depuis 2006, et leurs scores sont les plus concentrés.
En revanche, l’indice « Participation et opportunités économiques » présente la deuxième plus grande dispersion. Il montre que la parité économique mondiale est très inégale entre les économies des pays, et une corrélation absolue entre économies à revenu moyen inférieur enregistrant et scores plus bas.
En ce qui concerne l’égalité des revenus, 28 pays ont comblé moins de 50 % de l’écart entre les hommes et les femmes, et les niveaux de parité les plus bas ont été enregistrés en Iran, en Afghanistan et en Algérie. Les niveaux les plus élevés de parité salariale ont été atteints en Albanie, au Burundi, en Algérie, Islande, Singapour ; l’Amérique du Nord atteint des niveaux de parité salariale plus élevés que toute autre région du monde.
Dans l’ensemble, l’Islande a réalisé des progrès significatifs dans la réduction de l’écart entre les hommes et les femmes et constitue un exemple pour en inspirer d’autres.
L’Afghanistan fait hélas figure d’aberration dramatique dans l’indice, se classant dernier dans presque tous les sous-indices. Sa performance démontre le résultat des prises de position du gouvernement au pouvoir ; même si cet article tente d’échapper à une politisation des questions car l’index est factuel, on ne pourra pas s’empêcher ici de faire un rapport de cause à effet entre cette situation politique et le niveau d’égalité femme/homme. Dans une moindre mesure, on retrouve ce type de corrélation en Turquie, Iran et Tunisie, à un degré moindre mais tout de même inquiétant.
Saadia Zahidi, directrice générale du Forum économique mondial, déclare : « Si, au cours des dernières décennies, de plus en plus de femmes ont accédé à un travail rémunéré et, de plus en plus, à des postes de direction dans l’industrie, des vents contraires ont continué à souffler : les attentes de la société, les politiques des employeurs, l’environnement juridique et la disponibilité de l’infrastructure de soins. Cela a continué à limiter les possibilités d’éducation auxquelles les femmes ont accès ainsi que les possibilités de carrière qu’elles peuvent poursuivre. Les conséquences économiques et sociales de la pandémie et des conflits géopolitiques ont interrompu les progrès et aggravé la situation des femmes et des jeunes filles dans le monde entier – et risquent de laisser des traces permanentes sur le marché du travail. En revanche, la représentation croissante des femmes aux postes de direction dans un certain nombre d’industries, leur engagement dans l’enseignement supérieur en général et leur rebond dans les rôles professionnels et techniques sont encourageants et peuvent constituer une base pour les efforts futurs ».
Les scandinaves, champions de la parité
Concernant les pays, aucun n’a encore atteint la parité complète, mais les dix économies les plus performantes ont réduit leur écart entre les sexes d’au moins 80%. L’Islande arrive donc en tête ayant réduit de 90,8% de l’écart entre les sexes, suivie de la Finlande (86%), la Norvège (84,5%) et la Suède (82,2%). Les pays européens comme l’Irlande (80,4%) et l’Allemagne (80,1%) figurent également dans le top 10. Cependant il est intéressant de noter que la Nouvelle-Zélande se situe avant la Suède (84,1%) et que certains pays africains (Rwanda (81,1%), Namibie (80,7%)) se positionnent bien, ainsi qu’un (seul) pays d’Amérique latine (Nicaragua (81%)) et un (seul) pays d’Asie de l’Est et du Pacifique.
L’Islande affiche une quasi-parité dans le sous-indice du niveau d’instruction avec un score de 0,993, ce qui constitue sa meilleure performance. Il obtient également un score élevé dans le sous-indice de l’autonomisation politique, en raison d’une proportion plus élevée de femmes à la tête de l’État au cours des 50 dernières années et d’une proportion comparativement élevée de femmes représentées au parlement. En termes de participation et d’opportunités économiques, l’Islande enregistre une parité totale en ce qui concerne la participation des travailleurs professionnels et techniques, mais la participation des femmes aux postes de direction et d’encadrement est plus faible, de même que les revenus estimés du travail.
Prenons un exemple à l’opposé : le Bangladesh a connu un recul de la parité globale entre les hommes et les femmes qui se traduit par une baisse du score de l’écart entre les hommes et les femmes et du classement de l’indice par rapport à l’année précédente. Ce recul est en partie dû à une performance moindre du pays sur le sous-indice du niveau d’éducation, qui présente une forte concentration de scores proches de la parité. Le Bangladesh n’a signalé aucun changement dans les sous-indices de l’autonomisation politique et de la santé et de la survie, mais il a enregistré une réduction de la participation des hommes et des femmes à la main-d’œuvre dans le sous-indice de la participation et des opportunités économiques, avec un impact proportionnel plus important sur les femmes. Toutefois, cette réduction a été contrebalancée par une augmentation de la proportion de femmes exerçant une profession libérale ou technique, ainsi que par une hausse de 13 % du revenu estimé des femmes, ce qui a permis d’améliorer les résultats en matière de parité dans l’ensemble.
Les femmes sous-représentées en politique!
Le rapport met en évidence les inégalités persistantes en politique. Bien que le score global de l’indice pour l’autonomisation politique n’ait pas changé par rapport à l’année dernière, il demeure le sous-indice qui a le plus de chemin à parcourir pour atteindre la parité.
Les femmes ne sont pas suffisamment représentées dans les sphères politiques, en particulier dans les postes de prise de décision et de leadership. Selon les tendances actuelles, il faudra cette fois 155 ans pour combler cet écart.
De plus, le leadership politique féminin n’augmente pas à un rythme constant, ni de manière égale dans toutes les régions.
Les régions qui avaient une part de représentation comparativement plus importante au début des années 70, comme l’Asie du Sud et le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, ont vu leur part de femmes cheffes d’État diminuer. En revanche, la part des femmes leaders politiques en Europe, Afrique subsaharienne et Asie de l’Est et Pacifique a augmenté. Celles qui se sont imposées le plus longtemps ont présidé l’Allemagne pendant 16,1 ans, l’Islande pendant 16 ans, la Dominique pendant 14,9 ans et l’Irlande pendant 14 ans.
Et la France ? A partir de la page 169
La France a réalisé des progrès en terme de parité hommes femmes mais il reste encore beaucoup choses à faire pour atteindre une parité proche de celle de l’Islande. Selon le Global Gender Gap Index elle est passée de la 16ème place en 2021 à la 15ème place en 2022 ( 0.784 à 0.791 – soit une hausse d’environ 1%). La France est première parmi les 146 pays considérés en terme de parité dans les acquis éducatifs et 20ème quant à l’autonomisation politique.
Une 40ème place à propos de participation économique et les opportunités et 81ème en terme de santé et de survie n’est pas satisfaisant pour un pays dont le gouvernement a proclamé grande cause du quinquennat l’égalité femme/homme .
En savoir +
https://www.weforum.org/reports/global-gender-gap-report-2022/