Egalité femmes/hommes- constats et iniatives de l’UE pour la mandature 2019-2024

L’Union Européenne a avancé sur l’égalite femmes/hommes lors de cette mandature.

Grain de sel autrour de l’inforgraphie de l’Institut Jacques Delors Martelli, L. « Les femmes et l’Union européenne », Infographie, Institut Jacques Delors, mars 2024 (dct pdf joint )

  • Nota : L’institut Jacques Delors Think tank fondé par l’ancien président de la Commission européenne Jacques Delors en 1996,  l’Institut Jacques Delors vise à produire des analyses et des propositions concernant les politiques européennes, tout en stimulant le débat sur l’Union européenne (UE) auprès des décideurs politiques et du grand public.

L’Union européenne a lors de cette mandature adopté plusieurs textes majeurs

« En 2020, la Commission européenne a lancé une stratégie ambitieuse visant à combattre les inégalités de genre sous toutes leurs formes d’ici 2025. Ursula Von Der Leyen a joué un rôle significatif dans la définition de celle ci qui emporte plusieurs dimensions : lutte contre les violences sexistes et les stéréotypes, lutte contre les écarts de salaires , prise en compte des responsabilités familiales, et enfin promotion de l’équilibre hommes-femmes dans les instances de décision ».

Les quotas européens

Un pas important a été franchi en 2022, après dix ans de négociations entre le Parlement et le Conseil, avec l’adoption de la directive « Women on Board » imposant un quota de 40% de femmes dans les conseils d’administration des grandes entreprises européennes d’ici 2026. Car aujourd’hui, seuls 31,5% des membres des CA sont des femmes et à peine 8% des présidents. Cette directive stipule que les entreprises n’atteignant pas les quotas devront expliquer pourquoi dans un rapport. Des sanctions dissuasives, pouvant aller jusqu’à l’annulation de nominations, devront être mises en place par les États.

Dans les parlements nationaux de l’UE, 28,6 % sont des élues en mars 2020, selon la Fondation Robert Schuman. Le Parlement européen comptait 39,5 % de députées, en constante augmentation. La route vers la parité semble dès lors encore longue.

La lutte contre les violences – de la législation aux mécanismes d’application pour résorber les écarts

Focus sur l’etat des lieux du sexisme en 2023 en France d’après le rapport du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes

Le sexisme ne recule pas en France, au contraire certaines de ses manifestations les plus violentes s’aggravent, notamment chez les jeunes générations. Malgré des avancées (nominations de femmes à des postes clés, nouveaux moyens de lutte, nouvelles dispositions favorables aux femmes), la société française demeure très sexiste dans toutes ses sphères. 93% des Français estiment que les femmes ne sont pas traitées à égalité avec les hommes dans au moins une sphère de la société (travail, espace public, école, famille). Seuls 20% pensent qu’il y a égalité au travail. Seuls 39 pays sur 190 ont des lois contre le harcèlement dans les lieux publics par exemple. Et moins d’un tiers fixent des normes de qualité pour les modes de garde, dissuadant les mères de travailler.

En outre, la dernière édition du rapport Les Femmes, l’Entreprise et le Droit de la Banque mondiale fournit une analyse enrichie grâce à l’intégration de deux nouveaux aspects susceptibles d’élargir ou au contraire restreindre fortement les possibilités des femmes : la sécurité et la protection contre les violences de genre, d’une part, et, d’autre part, l’accès à des services de garde d’enfants. Compte tenu de ces deux indicateurs supplémentaires, les femmes dans les 190 économies étudiées ne bénéficient en moyenne que de 64 % des protections juridiques dont jouissent les hommes. Mais la loi ne fait pas tout. Cette analyse souligne que les pays ont en moyenne mis en place moins de 40 % des systèmes nécessaires à une mise en œuvre complète de ces législations.

Une réponse européenne alignée avec sa stratégie 2020-2025

La Commission a proposé le 8 mars 2022 une directive pour lutter contre les violences faites aux femmes, en criminalisant les formes les plus graves. Un accord a été trouvé en février 2024 pour prohiber les mariages forcés, mutilations génitales, harcèlement sexuel et stérilisations forcées. Mais les États membres n’ont pas réussi à s’entendre sur une définition commune du viol. Sur le plan des droits sexuels et reproductifs, l’IVG est légale dans 25 États membres sur 27, même si Malte et la Pologne maintiennent toutefois des restrictions. Dans les faits, l’accès à l’avortement reste cependant semé d’embûches dans plusieurs pays comme l’Italie, la Hongrie, la France ou l’Irlande, pour des raisons diverses. La Pologne envisage cependant d’assouplir sa législation.

Le thème central des écarts salariaux

Il apparaît que les femmes gagnent en moyenne 12,7% de moins que les hommes dans l’UE, avec de fortes disparités entre pays. Un écart qui se répercute sur les pensions de retraite, inférieures de 28,3% à celles des hommes. Autre inégalité criante : 28% des femmes travaillent à temps partiel, contre seulement 7,7% des hommes. Le taux de travail à temps partiel pour les femmes atteint même 75,5% aux Pays-Bas ! Des écarts de mode de vie entre hommes et femmes sont également à noter et ont une influence sur le taux d’activité féminin : par rapport aux hommes, les femmes consacrent en moyenne 2,4 heures de plus par jour à des tâches domestiques non rémunérées, dédiées en grande partie aux enfants. Aujourd’hui, seule la moitié des pays dans le monde fournissent une forme quelconque d’aide financière ou fiscale aux parents de jeunes enfants.

De même, à l’échelle mondiale, les systèmes nécessaires à une mise en œuvre complète de des législations pour réduire les disparités manquent. D’après le rapport Les Femmes, l’Entreprise et le droit, par exemple, 98 économies ont des dispositions juridiques imposant une rémunération égale pour un travail de valeur égale, mais 35 seulement parmi elles — soit moins d’une économie sur cinq — ont adopté des mesures de transparence salariale ou des mécanismes d’application qui permettent effectivement de résorber les écarts de situation entre les sexes.

« Il est plus urgent que jamais d’accélérer les efforts visant à réformer les lois et à adopter des politiques publiques qui permettent aux femmes de travailler ou de créer et développer leur entreprise, déclare Tea Trumbic, auteure principale du rapport de la Banque mondialeAujourd’hui, à peine la moitié des femmes font partie de la population active mondiale, contre près de trois hommes sur quatre. Ce n’est pas seulement injuste, c’est un véritable gâchis. Une plus grande participation des femmes à la vie économique est la condition indispensable pour amplifier leur voix et influer sur des décisions qui les touchent directement. Les pays ne peuvent tout simplement pas se permettre de laisser sur la touche la moitié de leur population. » Pour être véritablement mis en œuvre, le corpus législatif doit mettre en place des mécanismes solides pour garantir le respect des lois, mais aussi l’instauration de systèmes de suivi des disparités salariales.

La réponse européenne

La Commission européenne a présenté une proposition de directive sur l’égalité salariale entre femmes et homme ( 4 mars 2021) qui vise précisément à imposer plus de transparence sur les rémunérations et à faciliter l’accès à la justice en cas de discrimination. « Pour un salaire égal, il faut de la transparence. Les femmes doivent savoir si leurs employeurs les traitent équitablement. Et lorsque ce n’est pas le cas, elles doivent avoir le pouvoir de se défendre et d’obtenir ce qu’elles méritent » , a affirmé Ursula von der Leyen. La Parlement européen a ensuite adopté cette directive 10 mai 2023, et elle s’appliquera à tous les travailleurs, y compris ceux en temps partiels et aux CDD.

Quel bilan selon le Global Gender Gap Index du Forum Économique Mondial ?

En 2023

L’Indice d’égalité des sexes de l’EIGE (Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes) permet de mesurer l’impact de ses stratégies au sein de l’Union européenne. Pour l’ensemble de l’UE en 2023, le score est de 68.6 points sur 100, ce qui indique que l’UE en moyenne a comblé un peu plus des deux tiers de son écart de genre total. C’est un progrès de seulement 5.5 points depuis 2010.
La France, quant à elle, obtient un score de 75.1 en 2023, ce qui est supérieur à la moyenne de l’UE. Si elle obtient des bons scores dans la santé (88.2 points) et l’argent (86.7 points), elle a encore des progrès à faire dans les domaines du pouvoir (66.8 points) et des connaissances (65.0 points). Bien que la France soit relativement bien classée au sein de l’UE selon l’indice de l’EIGE, il reste encore beaucoup à faire pour parvenir à une pleine égalité entre les femmes et les hommes, comme le reflète sa 15ème place dans le classement mondial du Global Gender Gap Index de 2023.

ACTUALISATIONS 2024

Le rapport 2024 du Global Gender Gap Index du Forum Économique Mondial offre une perspective actualisée. En 2024, le score global de l’écart entre les genres pour les 146 pays inclus dans cette édition est de 68.5%, indiquant une fermeture de l’écart de seulement 0.1 point de pourcentage par rapport à l’année précédente,ce qui demontre une dynamique très ralentie. Sur la base des données actuelles, il faudra encore 134 ans pour atteindre une parité totale.

Nous vous présentons un tableau des premiers de la classe ci-après , et quelques éléments un peu inquiétants sur la France

Et la France quelle dynamique ?

Une enquête réalisée par Linkedin Actualité souligne qu’après avoir connu une augmentation en 2022, la proportion de femmes recrutées à des postes de direction diminue depuis 2023. Cette tendance s’observe en France ainsi que dans le reste du monde, bien que les femmes possèdent les “soft skills” les plus recherchées. Le rapport, basé sur les informations provenant des profils d’un milliard de membres de la plateforme entre 2016 et 2023, prévoit que cette baisse se poursuivra en 2024.

Parmi les secteurs où elles sont les plus nombreuses, on retrouve en première position la santé (68% de femmes dont 50% en postes de direction), l’éducation (55% de femmes dont 45% en postes de direction) et l’administration (55% de femmes dont 42% en postes de direction).