#RESPECT d’AUTRUI – ESSEC mobilise des psys pour ses étudiants

L’ESSEC mobilise des psys pour ses étudiants

GRAIN DE SEL VDB : Cet article est paru sur le site ESSEC Alumni. Il donne la parole à ceux qui sont mobilisés depuis des années auprès des étudiants qui ont besoin d’accompagnement. La team s’est depuis 2 ans mobilisé particulièrement autoru des sujets liés à la Charte Respect d’autrui: victimes potentielles de paroles ou actes sexistes, racistes ,etc. ET cet an-ci aide nombre de nos jeunes @ESSEC perturbés par les confinement, la fermeture du campus qui va durer, etc . MERCI A EUX !!!!

L’ESSEC propose un accompagnement psychologique à ses étudiants depuis 15 ans. Un dispositif qui a été adapté pour répondre au contexte actuel, comme l’expliquent Boris Haguenauer (E98), Vanessa Ntakabanyura, Thierry Rousseau et Sylvie Corbasson, membres de l’équipe mobilisée sur ces questions. 

ESSEC Alumni : En quoi consiste l’accompagnement psychologique proposé par l’ESSEC à ses étudiants ?

Boris Haguenauer : Nous sommes une équipe de trois personnes mobilisées sur le campus de Cergy : l’infirmière des étudiants Sylvie Corbasson et deux psychologues, Vanessa Ntakabanyura et moi-même. En temps normal, Vanessa assure une permanence sur le campus de Cergy tous les jeudis après-midi, tandis que je reçois dans mon cabinet parisien les étudiants logeant dans la capitale. Nous assurons des séances en français comme en anglais, ce qui nous permet de recevoir également les étudiants internationaux. Nous recevons les étudiants que Sylvie juge bon de rediriger vers nous, lorsqu’elle détecte une situation de mal-être ou de fragilité lors d’une consultation médicale ; mais les étudiants peuvent aussi nous solliciter directement en nous envoyant un e-mail à nos adresses ESSEC : haguenauer@essec.edu et ntakabanyura@essec.edu. À Singapour, notre collègue Laurène Lahierre soutient et reçoit également les étudiants. Elle est joignable à l’adresse suivante : laurene.lahierre@gmail.com.

EA : L’ESSEC a-t-elle mis en place des mesures spécifiques pour le confinement ?

Thierry Rousseau : En tant que directeur de la vie étudiante, je veille depuis le déclenchement de la crise à faire savoir que le dispositif de soutien décrit ci-dessus reste opérant à distance, car considéré comme essentiel par la direction. Nous avons en outre identifié comme cible prioritaire dans ce contexte les étudiants restés dans les résidences de l’ESSEC. Toute l’équipe de l’ALEGESSEC, en coopération avec les prestataires techniques et les agents de sécurité, s’est efforcée de faire sentir à chaque résident qu’il n’était pas seul et qu’il pouvait compter sur le soutien de l’école. Bien sûr, au-delà de ce cas particulier, tous les étudiants susceptibles de connaître des difficultés ont pu et peuvent faire appel à nous.

B. Haguenauer : Nous sommes également entrés en contact avec Aditya Prabhugaunkar (E21), du BDE de la Grande École, qui anime un groupe Whatsapp rassemblant les étudiants internationaux. Cela nous permet à la fois de toucher cette cible et de repérer d’éventuels appels à l’aide.

Sylvie Corbasson : De mon côté, je reste joignable par e-mail pour ceux qui ont besoin d’être soignés ou seulement rassurés : corbasson@essec.fr.

EA : En l’occurrence, des étudiants ESSEC vous ont-ils sollicités depuis le début de la crise ? 

B. Haguenauer : D’une part nous assurons la continuité thérapeutique avec ceux que nous suivions déjà avant le confinement, d’autre part nous recevons de nouvelles demandes. Certains nous contactent spécifiquement en lien avec la situation actuelle, d’autres envisageaient de faire la démarche depuis un certain temps et profitent de cette période pour franchir le pas.

EA : Quelles sont leurs principales préoccupations ?

B. Haguenauer : Beaucoup se questionnent sur leur avenir professionnel. Certains ont peur de ne pas réussir à entrer sur le marché du travail, d’autres réenvisagent leur orientation pour aller vers des activités plus responsables et durables. Autre problématique récurrente : le retour dans la famille. Difficile de retrouver une vie commune, de partager des repas, de respecter des horaires, alors même qu’on était en train de prendre son autonomie ! À l’inverse, les étudiants internationaux vont plus souvent nous consulter parce qu’ils ont le mal du pays et souffrent d’isolement. Et bien sûr, des étudiants témoignent de symptômes tels que des troubles du sommeil, de l’anxiété, des difficultés à étudier…

EA : Au-delà des contingences immédiates, les étudiants de l’ESSEC se posent-ils les mêmes questions que leurs aînés face à cette crise ?

B. Haguenauer : Des questions plus existentielles émergent effectivement. En temps normal, nos activités et nos rythmes de vie nous permettent de fuir ces questions, de ne pas y penser. Mais le contexte actuel nous confronte tous à deux problématiques fondamentales. D’une part, nous prenons conscience de notre mortalité, de manière beaucoup plus concrète et immédiate que d’habitude. D’autre part, nous nous rendons compte que nous ne sommes pas maîtres de notre destin, alors que tout est basé dans nos sociétés sur le postulat contraire – on fait des études pour s’assurer une carrière, on s’endette sur 20 ans pour acheter un logement, etc. Sur ce plan, le réveil peut s’avérer particulièrement dur pour les étudiants des grandes écoles, qui ont souvent le sentiment que leur diplôme constitue une garantie pour l’avenir.

Vanessa Ntakabanyura : Sachant cela, on peut saisir le moment présent comme une opportunité, une possibilité d’ouverture à des potentiels d’adaptation et de créativité. Le dispositif de soutien proposé par l’ESSEC permet aussi d’accompagner ce type de démarches.

EA : Quels conseils donnez-vous aux étudiants ESSEC pour faire face à la situation actuelle ? 

B. Haguenauer : On peut répéter les conseils qu’on a beaucoup entendus ces derniers temps : gardez un rythme de vie structuré, avec des journées consacrées au travail et des soirées et week-ends dédiés au repos, comme d’habitude ; entretenez des liens sociaux grâce aux outils digitaux ; faites-vous plaisir tous les jours en restant à l’écoute de vos envies et besoins ; faites de l’exercice physique… J’ajouterais aussi de ne pas chercher coûte que coûte à rendre cette période « productive » : on peut tout à fait choisir de la vivre « aussi bien que possible », sans se mettre la pression ni se fixer des objectifs particuliers.

EA : Et pour la suite ? Comment anticipez-vous l’accompagnement de la levée progressive du confinement ?

T. Rousseau : Comme tout le monde, je suis dans l’expectative sur la forme précise de cette levée. Mais je n’oublie pas que l’expérience de l’étudiant à l’ESSEC comporte aussi un apprentissage de la liberté et de la responsabilité individuelle, de la vie en commun, de l’engagement et de l’organisation d’événements souvent dans le cadre associatif. Tous les étudiants ont leur partition à jouer dans la grande symphonie de l’ESSEC, et devront donc la jouer à distance comme en présentiel.

B. Haguenauer : Plus largement, dans le monde du travail auquel l’ESSEC prépare les étudiants, je pense que le retour au bureau va soulever beaucoup de questions. Les entreprises ne pourront plus résister aux demandes de télétravail comme beaucoup le faisaient jusqu’ici. Certaines vont même probablement opérer une volte-face et pousser dans cette direction, ayant constaté que la formule marchait, qu’elle pouvait leur apporter des gains de productivité et/ou leur permettre de faire des économies sur leurs loyers. J’anticipe une vaste réorganisation, qu’il faudra accompagner sur le plan psychologique.

EA : Vous-même, vous êtes passé à la téléconsultation avec le confinement… Quel bilan en tirez-vous ?

B. Haguenauer : Les outils de visioconférence permettent de reproduire en partie le dispositif du face à face, et trouvent leur usage comme relai dans une relation thérapeutique préexistante, ou pour gérer des moments de crise. Cependant, sur le temps long, je reste très attaché à la rencontre en personne. Il s’y joue plus de choses, dans les regards, les silences, le langage corporel… Autre écueil : la confidentialité. Les patients ne peuvent pas toujours s’isoler comme ils le voudraient, or quand ils ont peur d’être entendus par leurs voisins, leurs colocataires ou leurs parents, leur liberté de parole s’en ressent.

EA : En tant que psy, dans quelles ressources puisez-vous pour aborder les enjeux d’une expérience inédite comme le confinement ? 

B. Haguenauer : La situation n’est pas si inédite. Les générations précédentes ont connu des épidémies et des guerres lourdes d’enseignements, dont nous pouvons nous inspirer.  

V. Ntakabanyura : En outre notre métier a toujours inclus des temps d’introspection, de « confinement volontaire ». Cette pratique nous permet d’accompagner de façon adaptée ceux pour lesquels il s’agit d’une nouveauté, particulièrement sur un temps aussi long et dont l’issue n’est pas définitivement statuée. 

B. Haguenauer : Par ailleurs nous avons l’habitude dans notre activité de travailler en réseau : nous échangeons régulièrement entre nous et avec des anthropologues et des sociologues – encore plus en ce moment.

V. Ntakabanyura : En fait, la véritable particularité de cette période tient au fait que le thérapeute et le patient font l’expérience d’une même réalité partagée. Or cet état commun du « chacun chez soi » offre un levier de compréhension mutuelle pour aborder des vécus universels d’impuissance, de vulnérabilité, d’incertitude, de peur…

Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni

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