Egalité femmes / hommes : des chiffres pas de lettres  – Ma lecture de Brigitte Grésy

Autrement dit pas de récit, d’histoire, d’inspiration et c’est une agrégée de grammaire qui nous le dit (VDB)

article paru dans Acteurs publics, 25 mai 2022

Qui est Brigitte Grésy ?

Agrégée de lettres et énarque, elle a entre autres occupé la fonction de Secrétaire générale du Conseil supérieur de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes et de PRÉSIDENTE DU HAUT CONSEIL À l’EGALITE  jusqu’en 2021 proposant en pionnière le concept inconoclaste d’éga-conditionnalité qui commence à émerger.

Elle est l’auteure/autrice 🙂 de nombreux rapports sur l’égalité professionnelle (2009), la parentalité (2011) et l’égalité entre filles et garçons dans les structures d’accueil de la petite enfance (2013) en sa qualité d’inspectrice générale des Affaires sociales ou encore sur l’image des femmes dans les médias (2008 et 2011).
Elle a publié Petit traité contre le sexisme ordinaire (2008, Albin Michel), une étude sur le poids des normes masculines sur la vie professionnelle et personnelle de jeunes cadres en entreprise (2009) et La Vie en rose, Pour en découdre avec les stéréotypes (2014) (Albin Michel). J’ai d’ailleurs eu le B(H)o(n)neur de la recevoir pour une présentation de ce petit bijou que j’ai offert depuis à ma fille jeune maman, lors d’un évènement du #Womenboardready Essec en juin 2014

Le Thème de sa Tribune ?

La recherche d’une parité femme/homme est depuis 20 ans menée pas à pas: en politique (2000), pour les conseils d’administration (2011 loi Zimmermann), la fonction publique (2012 loi Sauvadet), les ordres professionnels, CCI, AAI (2014) et récemment un quota de 30% puis 40% imposé à partir du 1er mars 2026 par la loi Rixain sur les instances de direction.

La fonction publique fait à la fois figure de pionnière et de retardataire: la place des femmes parmi les cadres dirigeants a été interpellée dès 2012 avec la loi Sauvadet mais la mise en œuvre des mesures est bien lente et incomplète: 3 chiffres parmi d’autres reflètent cette ambiguïté : 62% de femmes dans la fonction publique et + de 40% dans les flux de 1ere nomination mais seulement 33% dans les emplois supérieurs de l’État et rien ne bouge car les nominées expertes de haut niveau ou sous-directrices réalisent leur mission puis s’en vont, bloquées aux portes du pouvoir. Il n’y a guère d’étape suivante …

Plaidoyer :  la Mixité comme moteur de changement des rapports entre les hommes et les femmes

Spécialiste du secteur public et des questions liées au genre, Brigitte Grésy nous propose 3 niveaux de réflexion pour dessiner les fondements d’une parité réelle 

  • Le stade 1 – contrainte : le non-respect des quotas est sanctionné fort bien celà oblige à se conformer mais au delà …
  • Le stade 2 – conviction :  la parité est encore vécue par certains comme « une mauvaise potion à avaler » et non comme une opportunité de changement. Il n’y a pas de « récit de la parité », il faut que les acteurs soient accompagnés dans la mise en œuvre des politiques publiques d’égalité .
  • Le stade 3 – transformation : c’est bien d’une remise en cause en profondeur des fondations du système pour pallier les stéréotypes sexués consubstantiels au milieu politique dont il s’agit.

*Les quotas : instrument privilégié de la parité: « les quotas permettent de compter et les chiffres mènent à l’action » nous dit-elle mais elle alerte : »attention à ne pas se satisfaire de statistiques, alors que l’objectif n’est pas de se conformer à une règle mais d’obtenir un changement de nature politique…

Bref le quota est un moyen pas un objectif ! (VDB)

3 idées à porter:

Le récit de la parité doit être repensé, les femmes doivent être choisies pour leurs compétences et non seulement par sexo-empathie.

La parité doit s’accompagner de changements sociétaux : meilleur partage de la charge parentale, flexibilité de l’organisation du temps de travail en fonction des situations de vie…

Les obligations paritaires ne se mettent en place que sur le temps long et leur mise en œuvre réelle demande avant tout une révolution systémique.

Le confinement a démontré que l’on revenait très vite aux schémas de répartition des tâches sexuées et puis la “gender fatigue” sévit, j’entends de plus en plus souvent des discours d’hommes se considérant comme ouvertement discriminés – L es stéréotypes appris jouent à plein, la culture égalitaire dés la petite enfance est encore un objectif à atteindre et non un acquis (VDB)

Lire l’article : https://acteurspublics.fr/articles/brigitte-gresy-legalite-entre-les-femmes-et-les-hommes-des-chiffres-mais-toujours-pas-de-lettres