Mixité des filières : quels enjeux et comment faire ? Le chemin de l’ESSEC

En 2018, sur la mixité des filières, un article attirait mon attention: ENTRETIEN in N° spécial  « Le temps des femmes »: Remarquable intervention de Dominique Meda : Mixité ?! : « Les femmes doivent pouvoir accéder  à la gamme entière des activités humaines » 02/11/2018   LES DOSSIERS N°15: « A niveau de diplôme égal, les femmes accèdent nettement moins que les hommes aux professions les plus valorisées »

Lorsque l’ESSEC est interpellée ou s’ « auto-interpelle » sur la mixité des filières d’enseignement ca donne ca :

Les stéréotypes de genre associés aux secteurs ou fonctions influent sur les choix de carrière, mais aussi sur les recrutements des employeurs. Les filles continuent de choisir en majorité des filières dites « féminines », limitant leur éventail de possibles ce qui contribue au maintien d’inégalités professionnelles. D’année en année, le groupe de travail Egalité Femme/Homme de la Conférence des Grandes Ecoles[1] a lancé des actions afin de favoriser la mixité des diplômes et filières, à commencer par le baromètre qui permet de documenter la question ! Même si le sujet doit être traité bien avant l’entrée dans le supérieur et appréhendé plus largement, une politique active de promotion de la mixité des métiers permet aux établissements du supérieur d’avancer.

A l’ESSEC, quels leviers pour avancer ?

On pourrait croire les écoles de management épargnées par cette question – l’ESSEC compte 50,54 % d’étudiantes en moyenne. Mais le diable se cache dans les détails et laproportion d’étudiantes dans certaines filières (finance, datas, numérique, entrepreneuriat…) est à questionner.

Les efforts déjà menés

– Cartographie genrée des filièrespermet de travailler avec les équipes dont les formations sont insuffisamment mixtes ;

– Mise en place d’ateliers dédiés par le Career Center (négociations salaires et carrières) ;

– Communication non genrée (vocabulaire, images des flyers et sites) ;

– Evénements avec des alumna pour améliorer l’attractivité de certaines filières ;

– Actions menées par le corps enseignant : par exemple, la mise en place par Guillaume Chevillon de bourses Women in Data Sciences, sponsorisées par 3M et Dataiku, ont permis d’atteindre la quasi parité au sein du master Data Sciences & Business Analytics tandis que l’engagement personnel du professeur fait le reste. Citons aussi des travaux sur le genre en finance porté par un duo mixte Estefania Santa Cruz et François Longin (Gender&Finance project : Unblinding gender in finance from the classroom to the trading floor).

A noter qu’une fois une proportion suffisamment caractéristique[2] de filles dans une filière typée masculine atteinte, la dynamique mono-genre est cassée.

Un levier puissant : la réponse à la quête de sens de cette génération
Répandue au sein des jeunes générations, et c’est heureux, elle est marquée chez les filles (plus éduquées au care). Dès lors, humaniser l’image de certaines filières est clé : mettre en avant la dimension de lien aux autres, l’impact positif environnemental ou sociétal fait écho et attire les étudiantes rebutées ou timides.

Le comportement des étudiantes corrobore l’hypothèse : alors que la filière entrepreneuriat étudiante est mixte tant qu’il s’agit des enseignements, le taux de filles s’effondre à14% à ESSEC Ventures[3]. Mais cet effondrement varie selon le secteur (care, mode éthique) et l’incubateur Antropia ESSEC[4] dédié aux projets à impact attire nombre de créatrices.

Accepter l’idée d’un entreprenariat à décliner au féminin

Si l’accompagnement des entrepreneuses nous paraît clé pour pour aller vers une plus grande mixité des filières et des métiers (confiance en soi, levée de l’auto-censure), la solution viendra aussi de la sensibilisation de l’écosystème entrepreneurial, dont les financeurs, afin que les biais de genres « ancestraux » évoluent.

La bonne nouvelle est que la prise de conscience est là : en témoigne le buzz autour de la vidéo produite par Sista[5]. On doit attendre aussi des implications positives de la loi Rixain : impératif intimé à BPIFrance de féminiser les comités de sélection[6] et un début d’éga-conditionnalité avec la publication de l’Index de l’égalité professionnelle comme condition d’obtention de subventions). Cependant, dans un univers conçu par et pour les hommes, de nombreux biais de genre restent encore à surmonter.


[1] https://www.cge.asso.fr/commissions/diversite/

[2] Voir à ce sujet les travaux de Serge Moscovici sur le complexe de l’imposteur et la proportion minoritaire suffisante https://www.rse-magazine.com/Serge-Moscovici-ou-l-etude-des-minorites-actives_a3416.html

[3] https://www.essec.edu/en/pages/about-essec/entrepreneurship-innovation/coaching-incubation/

[4] https://antropia-essec.fr/

[5] https://youtu.be/sb2YOg_dkQM

[6] Articles 16 & 17 de la loi Rixain