Elisabeth Moreno et Agnès Pannier-Runacher, deux femmes aux parcours de vie différents se retrouvent à agir au sein d’un Gouvernement. Une rencontre qui leur a donné envie d’unir leurs voix et leurs expériences pour tenter un témoignage sur la place de la femme dans la société. Elles ont aussi choisi des mesures qu’elles estiment pertinentes pour continuer le combat égalité femme/ homme engagé..
Elisabeth Moreno
Ministre déléguée auprès du Premier ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances. Née au Cap-Vert, elle a été confrontée à un ordre patriarcal. Ayant quitté son pays pour la France, elle s’est battue pour poursuivre des études supérieures en droit et comme nombre de femmes vécu l’expérience d’un sexisme banalisé dans le monde du travail, mais aussi subi du racisme. Rejoignant le domaine des technologies (directrice des ventes des PME à France Télécom, des Grands Comptes chez Dell, directrice commerciale Europe à Lenovo, présidente pour l’Afrique d’Hewlett-Packard) , elle devient en parallèle juge consulaire après avoir intégré l’Ecole nationale de la magistrature.
En tant que femme noire, elle est engagée contre le déterminisme social et porte les principes de la méritocratie républicaine. » Les femmes sont souvent prisonnières d’un syndrome de l’imposteur lancinant qui les conduit à se brimer dans l’avancement de leurs carrières ». Les femmes gagnent en moyenne 15% de moins que les hommes, épargnent moins et bénéficient d’une retraite plus faible. Le défi à relever est de mettre fin aux schémas dans lesquels les femmes se trouvent enfermées pour faire disparaître ces freins.
Agnès Pannier-Runacher
Ministre déléguée auprès du ministre des Finances et de la Relance, chargée de l’Industrie, a grandi dans un milieu dans lequel les filles étudient et travaillent comme les garçons. Mais elle aussi a été confrontée au sexisme « ordinaire » dans la vie quotidienne. Diplômée d’HEC, de Science Po Paris et de l’ENA, elle accède à des postes prestigieux avant de rejoindre le privé (Faurecia Interior Systems) pendant un an. Elle rejoint Emmanuel Macron dès les début d’En Marche en 2016. Son engagement sur la cause de l’égalité femmes-hommes connaît un tournant au moment de cette nomination, car elle prend conscience du rôle de porte-parole qu’elle peut jouer. Elle dit que le « fait de se voir accorder de plus en plus de responsabilités lui permet de se détacher du sentiment d’illégitimité bien connu des femmes ». Agnès Pannier-Runacher se décrit comme une « femme quota ». Les auteures sont convaincues de la nécessité des quotas : seul moyen de parvenir à un rééquilibrage dans les choix de recrutement.
Débat : les quotas sont-ils la solution ?
En France, la loi Copé-Zimmermann de 2011 relative à la représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d’administration et de surveillance et de la loi Rixain qui entre autres instaure un objectif de représentation de 40% de femmes dans les instances dirigeantes des entreprises à horizon 2030. Les quotas n’empêchent pas les disparités liées à la charge mentale des femmes liées aux questions parentales, ni les inégalités économiques ou encore le plafond de verre auxquelles les femmes sont confrontées dans divers milieux et notamment en politique. La question de l’équilibre des temps de vie se pose avec acuité pour les femmes qui culpabilisent de ne pas pouvoir tout gérer ; le travail collectif entamé pour considérer que les hommes peuvent aussi endosser le rôle du parent référent doit être développé.
Elisabeth Moreno insiste quant à elle sur l’insertion des femmes dans les filières scientifiques et technologiques où des opportunités de carrière de plus en plus nombreuses se développent (1/3 des emplois du futur seront créés dans le numérique). Pour ce faire, les ministres proposent de renforcer l’enseignement des sciences dès le primaire et de fixer des objectifs chiffrés pour féminiser, dès la fin du collège les filières #STEM. Il y a là une question importante sur l’appétence des filles à intégrer ces filières.
Quels sont les outils disponibles pour avancer ?
Au-delà des quotas, il faut agir en faveur des combats quotidiens auxquels font face les femmes comme les remarques déplacées, la sexualisation de leurs corps ou encore la non prise en compte de leurs particularités. Les auteures le soulignent, des sujets comme celui de la précarité menstruelle doivent devenir des préoccupations de premier plan dans l’élaboration des politiques publiques.
PROPOSITIONS POUR L’ÉGALITÉ ENTRE LES FEMMES ET LES HOMMES
Le Top 5 des mesures par Laure – la junior 🙂
- Renforcer la place et la visibilité des femmes dans l’espace public, médiatique et culturel
- Zéro tolérance dans la lutte contre le harcèlement et le sexisme dans l’espace public et levée de l’anonymat pour les harceleurs en ligne
- Faire du maintien ou de la réinsertion des femmes de plus de 45 ans dans l’emploi une priorité
- Prise en charge à 100% des consultations psychologiques pour les femmes victimes de violences
- Imposer une obligation d’exemplarité en matière de refus des violences sexistes et sexuelles aux candidats aux élections locales et nationales et instaurer une peine d’inéligibilité
Le Top 5 des mesures par VdB – la senior 🙂
- Instaurer dans la loi organique un principe de non-régression du droit des femmes et une « règle d’or » de la parité Femmes-Hommes
- Ouvrir la médecine et la recherche médicale à une prise en compte réelle des spécificités physiologiques des femmes
- Faire du maintien ou de la réinsertion des femmes de plus de 45 ans dans l’emploi une priorité
- Instaurer un « droit au répit » pour les femmes à la tête de familles monoparentales
- Prévenir et neutraliser les biais de genre dans l’Intelligence Artificielle
Lire le livre : https://editionspo.fr/livre/b-femmes-ministres-et-feministes-b-br-i-notre-combat-pour-l-egalite-reelle-i