Diriger, c’est faire grandir – Réflexion sur le pouvoir – Une dirigeante Florence Dupré nous partage sa vision

#GED #ESSEC #2023 – 7 mars 2023

Florence Dupré, CEO de Medtronic
© Jean-François Deroubaix

L’impératif est de mettre son ego au service du développement du capital d’entreprise – humain, productif, commercial – qui nous est confié plutôt que vers la recherche d’un pouvoir personnel 

Florence Dupré, CEO de Medtronic en France – Jeudi 12 janvier 2023

Florence Dupré en quelques points :

  • Diplômée de l’ESSEC et de l’ENS
  • Est devenue directrice du groupe Restaurative Therapie Group (RTG) en France chez Medtronic en mai 2020 puis présidente de Medtronic France en janvier 2021, après avoir occupé des postes chez Bayer Pharma, Bristol Meyers Squibb, Bioalliance Pharma ou encore Abbvie
  • S’engage régulièrement pour l’inclusion des femmes dans la gouvernance de l’entreprise et la diversité de ces sphères

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Faire grandir, c’est accepter d’exercer le pouvoir qui nous est confié, à nous, dirigeants, en choisissant délibérément de tourner son attention et son intention vers l’autre, vers ce qu’il est, et aussi vers ce que le collectif a à accomplir et à offrir au monde.

Grandir, c’est, par essence, se dépasser, prendre le risque de tenter des choses nouvelles et accepter qu’il aille de pair avec le droit à l’erreur, première étape vers la réussite. C’est aussi donner l’exemple en tant que leader, en acceptant de se montrer faillible, vulnérable, loin de la vision hiérarchique classique.

Trois axes fondateurs

Grandir, c’est expérimenter. Dire ne suffit pas. Il faut faire vivre les choses pour ancrer en soi une nouvelle pratique, une nouvelle compétence. C’est, comme je le fais depuis deux ans, se concentrer sur trois axes fondateurs qui permettent de voir grandir l’entreprise, ainsi que son collectif composé des forces vives des femmes et des hommes qui y travaillent.

Le premier de ces axes consiste à créer et garantir un cadre de travail inclusif, où chacune et chacun peut être soi-même, où la parole est libérée et orientée avec bienveillance vers le développement du bien commun qui nous est confié. Un cadre où le leader, en s’autorisant à être soi-même, autorise l’autre, s’il ou elle le souhaite, à faire de même, pour construire ainsi une culture de l’authenticité.

Le deuxième passe par la définition d’une vision explicite, réaliste, ambitieuse et inspirante vers laquelle chaque membre de l’équipe et de l’entreprise peut, avec envie, projeter ses efforts pour se mettre en mouvement en comprenant et se concentrant sur ce qui est à sa main.

Enfin, troisième axe : construire en équipe une trajectoire, en estimant, avec réalisme, d’où l’on part, les obstacles sur notre route et les moyens que l’on se donne pour atteindre notre cible. Surtout, donner autant d’importance et de reconnaissance à la mesure classique du résultat chiffré qu’à la mesure des progrès réalisés sur notre trajectoire, et adapter au fil du temps cette trajectoire tant aux circonstances qu’aux moyens en présence.

Un triptyque

Faire grandir, c’est s’inscrire durablement dans la culture de l’entreprise. Il faut donc capitaliser sur les managers et les leaders afin de révéler leur potentiel, et donner à chacune et chacun l’envie et les moyens de devenir une meilleure version de soi-même. Ce qui revient à créer une véritable communauté, où chacun choisit d’en être, trouve sa place et ressent le besoin de réussir ensemble, en comptant les uns sur les autres, en étant là les uns pour les autres.

Faire grandir, c’est alors aussi comprendre qu’il y a autant de façons de faire que de diriger : à chacune et chacun de trouver sa voie. La mienne repose sur le triptyque : humilité, générosité, persévérance. La beauté de ce chemin du faire-grandir, c’est qu’il permet d’autonomiser les équipes et de les regarder avec plaisir et émotion travailler ensemble, tenter et réussir des choses que personne n’aurait jamais imaginées.

Et puis surtout, procéder ainsi fait grandir le dirigeant par la création même d’une entreprise auto-apprenante. La trajectoire est enclenchée, la dynamique est palpable, et l’on peut soi-même penser à la suite, en ayant la fierté d’avoir porté ce capital humain plus haut, et en devenant riche de ce que l’on a donné et reçu, plus riche de ce qu’on a partagé.

C’est en acceptant de dépersonnaliser le pouvoir qu’on l’humanise !

Florence Dupré