Confinement : l’ESSEC mobilisée contre les propos haineux et discriminants tenus en ligne

Confinement : L’ESSEC mobilisée contre les propos haineux et discriminants… tenus en ligne

REFLETS ESSEC évoque la mobilisation de l’ESSEC contre les propos haineux dans cet article : https://www.essecalumni.com/article/confinement-l-essec-mobilisee-contre-les-propos-haineux-et-discriminants-tenus-en-ligne/29/04/2020/4117

La pression provoquée par le confinement peut attiser des tensions et entraîner des échanges haineux sur les réseaux sociaux. Viviane de Beaufort, professeure référente à l’ESSEC sur le respect d’autrui, rappelle le dispositif que l’école propose aux étudiant(e)s victimes ou témoins de propos racistes, sexistes et homophobes en ligne.

ESSEC Alumni : Quelle est votre mission en tant que référente pour le respect d’autrui ? 

Viviane de Beaufort : Depuis 2014, j’assure le mandat de référente Égalité Femmes/Hommes pour l’ESSEC à la Conférence des Grandes Écoles. En 2018, j’ai proposé à la direction générale, que je remercie pour son écoute, d’adopter une approche plus globale : le sexisme est un manque de respect parmi d’autres, et répondre à cette problématique permet d’embrasser d’autres comportements irrespectueux que notre école ne peut tolérer, étant donné ses valeurs. 

Un travail plus large a ainsi été mené sur la notion du respect d’autrui avec toutes les parties prenantes de l’ESSEC, qui a abouti sur l’élaboration d’une Charte condamnant tout propos ou comportement haineux ou irrespectueux, ainsi que toute discrimination basée sur le sexe, le genre, la religion, l’origine ou les opinions politiques. Ce document est signé par chaque membre de la communauté étudiante et du corps professoral et administratif à son arrivée à l’école. En tant que juriste, il me paraissait essentiel d’adopter un code de valeur communes.

EA : Les comportements contre lesquels vous agissez se cantonnent-ils aux portes de l’école ? 

V. de Beaufort : Par essence, notre travail vise en premier lieu les événements de la vie étudiante et les cours, ainsi que les réunions et les e-mails entre membres de la communauté ESSEC. Mais ces derniers échangent également sur les réseaux sociaux ; nous nous efforçons donc d’être présents sur ce terrain – d’autant que les étudiant(e)s sont de plus en plus nombreux à avoir le réflexe de nous signaler les posts haineux, ou simplement maladroits. Nous sommes en outre vigilants sur les éventuels problèmes rencontrés dans le cadre de stages, d’apprentissages ou d’échanges universitaires, même si nous n’avons pas un pouvoir direct sur ces périmètres. Dans tous les cas, l’ESSEC ne se défausse pas.    

EA : Votre équipe a-t-elle été sollicitée pour gérer des comportements problématiques depuis le début du confinement ? 

V. de Beaufort : Nous avons notamment réagi à des propos déplacés à l’encontre de la communauté chinoise, sur fond d’accusation de responsabilité dans la crise du coronavirus. Notre réponse a naturellement a été immédiate et ferme. Plus largement, nous prêtons une attention particulière à l’état psychique des plus isolé(e)s, notamment les confiné(e)s dans les résidences. Le BDE participe d’une manière très constructive à cet effort en proposant régulièrement des cours, conférences et autres rendez-vous en ligne à leurs camarades, pour rompre la solitude. (Plus d’infos ici)

EA : Quel dispositif proposez-vous à ceux et celles qui vous sollicitent ? 

V. de Beaufort : Victimes et témoins peuvent se tourner en toute confidentialité vers des référents formés, au nombre d’une trentaine (liste disponible sur l’intranet MyESSEC), au sein de tous les programmes de la formation initiale comme de la formation continue. Ces référents peuvent faire appel à des conseillers psychologiques. Une commission ad hoc se tient pour chaque cas afin de prendre les mesures appropriées, dont des sanctions si nécessaire, mais dans le respect du principe de proportionnalité et de la présomption d’innocence. Lorsque l’affaire relève d’une qualification pénale (c’est arrivé une fois depuis le lancement de ce système), la commission explique à la victime comment porter plainte et, le cas échéant, la direction générale se porte partie civile. 

EA : Ce système a-t-il fait ses preuves ? 

V. de Beaufort : Il reste toujours une marge de progression, mais nous avons traité diligemment la vingtaine de plaintes reçues depuis juin 2019, pour des pratiques sexistes, des propos racistes, des discriminations, de l’humour ou des comportements déplacés, ou encore du harcèlement moral, impliquant aussi bien des étudiant(e)s que, parfois, des professeur(e)s et intervenant(e)s. Selon les cas, les auteurs ont présenté des excuses, détruit les matériaux incriminés, ou encore accepté des mesures d’éloignement provisoire volontaire. Pour les affaires les plus graves, les coupables ont pris des engagements fermes et restent sous surveillance ; tout dérapage les conduira au conseil de discipline voire à l’éviction. Mais je crois surtout à la sensibilisation et à la prévention !

EA : Quel est votre message aux étudiant(e)s ESSEC dans le contexte du confinement ?

V. de Beaufort : Pensez chacun et chacune à ce que vous pourriez faire de simple pour tendre la main vers vos camarades. Et n’hésitez pas, si vous n’allez pas bien vous-même, à le dire à vos professeurs, qui sont tous désormais sensibilisés au problème et prêts à jouer le rôle de mentor ou de lanceur d’alerte auprès de la maison ESSEC.