♀️♂️ #Startuppeuses et digital : faut il être codeuse pour sauver le monde ?

 

On ne cesse de souligner, à raison, la place insuffisante des femmes dans le numérique. Il n’y a pas assez de filles dans les filières scientifiques et notamment dans la programmation ou codage, l’intelligence artificielle, bref le dur. Les chiffres sont sur la table: 28 % de femmes dans ces filières dont à peine 16% de techniciennes et la tendance semble s’aggraver avec une baisse importante des effectifs recrutés cet an-ci plutôt qu’une progression (Etude Mutationnelles http://www.global-contact.net/etudes/).

C‘est un problème de fonds, à ce titre, toute iniative privée comme: les cours de code des Duchess Women in Tech, Cyberelles réseau des professionnelles des technologies de l’information et de la communication, Girls in Tech association présente sur 4 continents avec 9.000 membres dans le monde, l’Annuaire de Girlz in Web, le Meetup Girlpower3.0 de Tatiana F.-Salomon et Natacha Quester-Semeon, les efforts de mise en visibilité des femmes de la Commission Femmes du Numérique du Syntec portés par Véronique di Benedetto, le projet Etincelles de Social Builder, des évènements sur les Femmes et le digital comme la #JFD, la Tribune publiée dans Les Echos en faveur des actions clés à engager en faveur des femmes dans les STEM portée par des réseaux importants, notamment le Cercle Interelles et WIL et dont je suis signataire,sont bienvenues. Quant à l’action publique, le Plan sectoriel mixité dans les métiers du numérique porté par les trois ministères: Education nationale- Enseignement supérieur- Recherche, Familles-Enfance – Droits des femmes, et Numérique-Innovation, elle st nécessaire. Le plan d’action affronte de manière transversale tous les points bloquants des stéréotypes aux inégalités de salaires et est à saluer.

Oui, mais que fait-on en attendant une potentielle génération de codeuses, etc?

Si je me permets ce billet c’est aussi pour dédramatiser. Oui, il est important qu’il y ait davantage de filles dans ces filières d’avenir, mais attention aux messages transmis, va-t-on une fois de plus complexer celles qui, fort nombreuses ne se sont pas dirigées vers les sciences dures ? Combien de jeunes super diplômées dans le #DD à qui on refuse un poste en #RSE car elle ne sont pas ingénieures?

Donner l’impression que c’est une bévue et irrémédiable est une erreur: d’une part, j’en connais plus d’une qui a décidé de s’y mettre (au codage) pas tant pour faire que pour contrôler l’exécution d’une application et qui s’est prise au jeu. D’autre part, dire à « nos filles » que pendant qu’elles regardaient ailleurs, fières d’avoir fait de longues études et de pouvoir tenter une carière, si elles ne savent pas coder, elles ne sont pas aptes à prendre le tournant du digital ET les hommes vont garder le pouvoir…Est un discours simpliste et sans doute dangereux.

N’oublions pas que la génération #Startuppeuse est infiniment maligne et agile, alors en attendant d’être codeuse, ne disposant pas de ces compétences, elles vont les chercher, elles s’associent, elles dealent. Car c’est bien là une caractéristique de cette génération que je souligne dans mon livre: la GENY (et les Z qui arrivent juste après) a le partage en réflexe ADN. De même, ayant grandi avec les réseaux, elles cherchent spontanément sur le web ce qui leur manque. Elles acquièrent donc par voie de Mooc et de cours accéléré, en e-learning ou IRL (in real life) après avoir contacté un copain programmeur ou un inconnu en lançant une demande sur Facebook , les quelques éléments de langage suffisants pour comprendre, expliquer, décoder, bref franchir la barrière infranchissable de la langue Java script ou autre… Ce langage abstrait inconnu pour elles. Dès lors, le dialogue peut s’instaurer avec le martien « codeur ». Ayant établi un cahier des charges précis que le « martien » transcrit sous leur contrôle, elles peuvent se lancer et utiliser comme elles l’entendent le digital, même si elles ne maitrisent pas la tuyauterie pour réaliser les « smart connections » (plate-forme, application, etc.) qui constituent le cœur technique de leur projets.

Ces projets qu’elles rêvent puis concrétisent touchent tous plus ou moins, est-ce une coïncidence? A la réappropriation par l’individu de sa vie et du monde. Dans des domaines forts divers: de la lutte contre l’abstention de @chantal_o_0 projet politique citoyen, à La Kube pour redonner le goût de lire et soutenir la librairie indépendante, en passant par la plate-forme Voy’Agir pour que le voyageur devienne acteur responsable qui est en pleine campagne de crowdfunding sur @Ulule. Des projets qui utilisent tous le numérique, des algorithmes des lignes de code sans quoi rien ne serait possible et qui constituent les fondations de leur « maison ». Mais ça n’est pas parce qu’elles n’ont pas coulé le béton, çà n’est pas parce qu’elles ne sont pas capables de construire la plomberie, qu’elles ne dessinent pas les plans, ne visualisent pas l’ensemble, ne décorent pas l’intérieur, bref ne font pas vivre leur « maison ».

Ma comparaison pourrait passer pour machiste, mais chacun sait comme je suis engagée, alors on me fera grâce d’un tel soupçon pour écouter. Les #startuppeuses ont leur vision, leur projet et ne se laissent pas impressionner. Elles maitrisent parfaitement leur manque d’expertise et font appel à celle-ci sous diverses formes de prestation de services. Souvent elles s’associent illustrant parfaitement ce que cette génération entend par mixité …de compétences. Parfois l’association devient un vrai duo dans la vie, mais ça, c’est another story.

Alors oui le Numérique est l’avenir, oui encourageons de toutes les manières possibles la mixité des études initiales mais ayons en tête que cette génération va se former tout la vie et notamment avec des moyens digitaux et surtout que l’on peut porter un projet basé sur le digital ou comportant une dimension digitale sans être un virtuose du codage.

Si la génération #startuppeuse a compris une chose c’est que pour réussir leur projet leur entreprise pour  » sauvr le monde » ou du moins essayer, on a besoin de toutes les compétences, que la hiérarchisation de celles-ci est un concept obsolète. Au final, ceux qui analysent la réalité d’aujourd’hui, les « sachants » n’ont pas 30 ans mais presque le double, n’ont-ils pas omis de percevoir cette plasticité absolue des équipes mixtes et une certaine émancipation des filles et femmes de la génération Y qui fait qu’elles assument la casquette de boss sans état d’âme même si elles « savent pas coder »?