La startup nation, ambition politique devenue caricaturale ?

MUST READ : Start-up nation, Arthur de Grave, éditions Rue De L’Echiquier collection Les Incisives, 10 euros.

GRAIN DE SEL VDB sur l’interview réalisé par @Madyness de l’auteur Arthur de Grave: Mai 2017 a été la goutte d’eau.

Il n’y a aucun problème au fait qu’il existe des startups mais ça fait un peu plus de mal quand ça devient un idéal normatif.

(C’est)… Une pilule idéologique qui a visiblement de plus en plus de mal à passer puisqu’on sent un retour de flamme important .  On parle de startup nation depuis moins de trois ans et pourtant il y a déjà un ras-le-bol qui gronde. Pourquoi et comment en est-on arrivés là si vite ?

Il y a une désillusion par rapport aux effets de la technologie en général. Sauf qu’en France on a 10 ans de décalage et donc quand nos politiques s’emparent du discours sur la tech qui va tous nous sauver, ça tombe à côté. Pour le retour de manivelle actuel, il faut aussi voir que les entrepreneurs sont des gens qui vieillissent : ils ont une conscience et sont capables d’avoir un retour critique sur ce qu’ils ont fait.

Tu ne peux pas construire un pays sur cette base-là.  Quand on te dit que les startups ont créé 25 000 emplois cette année, c’est cool mais c’est quoi à côté des millions de chômeurs ? Ces entreprises créent des emplois qualifié, et les chômeurs ne sont pas le type de population embauchée par ces dernières. Parler de l’emploi alors que ce que vise une startup c’est l’hypercroissance et par définition le profit et non pas l’emploi, c’est fort.

Le modèle startup est peu créateurs d’emplois ! Y’a un truc un peu magique dans la startup nation mais ce qui est flippant c’est que ça montre que l’on ne pense pas en termes de filière. Ce qu’il faut voir c’est qu’aucun des pays qui s’est retrouvé avec un écosystème startup puissant ne s’est donné comme objectif d’être une startup nation.

Le présupposé c’est que les startups vont sauver l’économie, sauf qu’en fait les chiffres mettent à mal cette histoire. Notamment la productivité du travail qui ralentit. Patrick Artus a montré qu’il n’y a pas de courroie de transmission entre l’écosystème startup et l’économie.

Si on essaye d’avoir une définition cadrée, une start up est une entreprise qui n’a pas de modèle économique et une croissance explosive. C’est un état dans lequel elle n’a donc pas vocation à rester. Les boîtes qui lèvent, et re-lèvent constamment sans horizon de rentabilité, ça m’inquiète! (vdb : et moi donc !)

Quand l’émetteur du discours sur la startup nation c’est l’État, tu es forcément tenté de le décrypter. Quand j’ai compilé les occurrences de startup nation dans les discours, je me suis rendu compte que ça ne construisait pas un ensemble cohérent.

Je ne sais pas comment ça va finir…

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