Big corporate et Startuppeuse au sein du Club gen #Startuppeuse by V.K

“Quand le grand aide le petit, tous les deux sont sauvés” (Esope)

Interview de Véronique Karcenty,  Orange, membre du club Gen #Startuppeuse

Pouvez-vous nous parler de vous, de votre parcours qui a vous a mené à votre poste actuel chez Orange ?

Pour ce qui est de la formation j’ai un DESS de commerce international, donc je suis universitaire orientée gestion et commerce. J’ai commencé ma carrière professionnelle en tant qu’attachée parlementaire d’un député, après quoi j’ai fait du commerce chez Canon photocopie/télécopie, pour enfin intégrer France Télécom à l’époque. J’ai étrangement commencé chez France Télécom dans un domaine purement technique. Pendant 17 ans j’ai fait du technique et du service client , en changeant de poste tous les trois ans environ. Il s’agissait essentiellement de management de grosses équipes avec des entités à transformer. J’ai toujours pris des postes où il fallait que je transforme de fond en comble ce que je prenais en charge, à la fois en termes d’organisation mais aussi de transformation des postures des salariés qui y travaillaient.

C’est d’ailleurs pour ça que Viviane [de Beaufort] me considère comme intrapreneuse depuis longtemps .

Véronique Karcenty

Il y a 7 ans j’ai évolué pour passer côté RH, afin de mettre en place le recrutement externe et la mobilité interne du groupe, ainsi que la prise en charge de la diversité, et notamment de l’égalité femme/homme et du handicap. Il y a donc aussi une orientation opérationnelle et business à ce poste. Je travaille notamment beaucoup avec les startups, et j’ai mis beaucoup de choses en place autour de la digitalisation et des algorithmes notamment dans le domaine du recrutement et de la mobilité qui est un domaine particulièrement touché par ces sujets-là.

Vous avez rejoint le club de Viviane de Beaufort « Génération Startuppeuse » sur Wirate  ?

Il s’avère que je travaille avec de startups depuis 4 ans environ, parce que je pense qu’il est essentiel pour nous, grosses entreprises, de travailler avec cet écosystème-là. Moi j’en suis une particulièrement, nommée CLUSTREE , avec laquelle j’ai monté un certain nombre de gros projets en interne. De plus vous imaginez bien qu’en tant que patron du recrutement d’un groupe comme Orange, je suis une cible de contact privilégiée pour les créateurs d’entreprises. Je me suis rapidement rendue compte que les femmes qui me contactaient étaient largement minoritaire.

Et cette observation cumulée à mon engagement auprès de Viviane à l’@ESSEC a engendré beaucoup d’échanges entre nous, et c’est donc assez naturellement que je suis venue la rejoindre dans cette aventure. Mais mon intérêt d’abord pour les startups et pour les startuppeuses en particulier est antérieur à notre rencontre.

Vous êtes très engagée sur la question de l’égalité homme/femme, pensez vous que Wirate puisse contribuer à faire un autre pas en avant vers la parité ?

Disons que le fait que l’on puisse aller donner un avis et aller pousser spécifiquement des femmes créatrices d’entreprises, avec des gens comme Viviane qui sont des « papesses » du domaine, cela consiste en effet à mettre la lumière sur une cible qui, bien que majoritaire dans la population, est minoritaire dans ces métiers-là. Et cela a bien-sûr beaucoup de sens.

En tout cas cela n’existe pas encore et c’est donc qu’il faut le faire. Pour travailler avec un certain nombre de fonds d’investissement, je vois bien qu’il n’y a que des hommes dans ce milieux-là. Et si je ne saurais pas dire « qui de la poule ou l’œuf », il y a sûrement un lien. Je trouve donc que mettre en avant les femmes business angels en plus des startuppeuses est très intéressant.

De toute façon tout ce qui met en exergue des sujets sur lesquels on a du mal à avancer ne peut être que gratifiant. J’ai moi-même un sujet connexe, celui du recrutement de femmes dans les métiers techniques en tant que recruteur d’Orange, qui me confronte à des enjeux très similaires. Les jeunes femmes ingénieures ont plutôt tendance à viser les grands groupes de luxe en premier poste et moins les groupes dits techniques comme Orange.

Je dois développer un vrai plan de recrutement des femmes, comment aller les chercher, comment créer l’attractivité de gros groupes industriels comme Orange, qui ont en effet un peu une image d’ingénieurs masculins, parce que c’est ancré dans la culture. Également, comment faire pour féminiser les équipes techniques ? C’est déjà pour moi un vrai sujet et je pense que chez les startuppeuses le problème est le même.

En dehors de cette visibilité, vous rejoignez aussi ce club en tant qu’experte sur vos domaines de prédilection, quel est justement la valeur ajoutée que vous voulez apporter vous personnellement ?

Sans rapport avec ma position de femme, mais plutôt celle de cadre dans une grosse entreprise, je crois beaucoup au fait que l’on a énormément à apprendre les uns des autres. C’est-à-dire que moi en travaillant avec des startups j’ai beaucoup appris, par exemple sur des modes de travail beaucoup plus agiles, beaucoup plus souples. Typiquement, on a été amené à revoir nos process internes sur les achats. Faire travailler les achats avec une startup c’est très différent que de les faire travailler avec un gros groupe, on est forcé de s’assouplir, de travailler autrement.

Les grandes entreprises, avec une certaine rigidité due à leur taille, se retrouvent à devoir travailler différemment, et à intégrer la culture start-up à l’intérieur des entreprises, et c’est vraiment enrichissant pour nous. C’est d’ailleurs pour ces raisons que je crois beaucoup à l’intrapreneuriat également.

Je pense également que l’experte que je suis dans une telle compagnie peut aider à ce que ces deux mondes se parlent. Je trouve qu’il y a eu beaucoup de progrès récemment, et je veux les poursuivre. Je ne veux plus qu’on continue à opposer le monde de la startup et de la grosse entreprise, comme je le vois encore parfois. Je trouve que ce sont deux systèmes qui sont étroitement liés, et plus on travaillera avec ces entrepreneurs, plus on les aidera, mieux on travaillera les uns avec les autres.

Un petit mot pour toutes les femmes entrepreneuses ?

Osez, tout simplement. Je ressens souvent cette peur de l’échec de toutes ces créatrices, et je voudrais leur dire de ne pas avoir peur de se tromper.

Propos recueillis par Arthur Dumon le 3 mars 2017 pour wirate 

https://medium.com/wirate/quand-le-grand-aide-le-petit-tous-les-deux-sont-sauv%C3%A9s-esope-45413729e008