L’ESSEC monte en puissance contre le sexisme, l’homophobie et le racisme

Louis ARMENGAUD WURMSER le #08mars2021

https://www.essecalumni.com/article/l-essec-monte-en-puissance-contre-le-sexisme-l-homophobie-et-le-racisme/08/03/2021/4427

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes et des Gender Equality Days à l’ESSEC, point d’étape sur les actions menées par l’école ces dernières années contre les violences sexuelles et les comportements sexistes, mais aussi homophobes et racistes. Quels résultats ? Et quelles pistes d’amélioration ?

Une charte qui remporte l’adhésion

Depuis 2019, tout étudiant intégrant l’ESSEC et tout nouveau membre du corps professoral reçoit et signe la Charte Respect d’autrui lors de son arrivée sur l’un des campus de l’école. Ce texte, consultable à tout moment via la plateforme myESSEC, condamne tout propos ou comportement haineux ou irrespectueux, ainsi que toute discrimination basée sur le sexe, le genre, la religion, l’origine ou les opinions politiques.

Il s’agit d’un code de déontologie, qui permet notamment de donner un fondement juridique à toute action que l’ESSEC souhaite engager face à d’éventuels comportements problématiques, et qui ne s’inscrit pas dans le cadre de la loi – par exemple, le renvoi d’un étudiant ou l’éviction d’un intervenant non-contractuel qui ne serait pas soumis aux dispositions légales prévues pour les licenciements.

On peut faire encore mieux… 

Les étudiants, toujours plus engagés sur cette problématique (voir cet article), se sont récemment mobilisés pour renforcer la portée du texte. Le Conseil de la Vie Étudiante vient ainsi de valider une deuxième page spécialement dédiée aux enjeux étudiants, et les BDE des différents programmes réfléchissent à des amendements dans le cadre d’une initiative du BNEM (Bureau National des Étudiants en écoles en Management) portée au niveau de la Conférence des Grandes Écoles.

Un dispositif de signalement et d’accompagnement à 360°

En cas de problème, victimes et témoins peuvent désormais se tourner vers l’un des trente référents que l’école a désignés à chaque niveau clé de l’organigramme de l’école : tous les programmes, tous les campus, mais aussi direction générale, direction des ressources humaines, direction juridique, Career Center, CFA, BDE… Un dispositif unique dans le monde des grandes écoles, qui permet de répondre de manière adaptée à toutes les demandes, qu’elles émanent d’étudiants, de collaborateurs ou de professeurs, et qu’elles concernent des faits qui se sont produits dans le cadre de fêtes, de cours ou encore de stages.

Chaque signalement déclenche un double volet d’actions concrètes et immédiates : d’abord, orientation vers les psychologues et les infirmiers de l’école puis relai, si nécessaire, avec des spécialistes en victimologie et traumatologie (dont les consultations sont prises en charge par l’ESSEC) ; ensuite, création d’une commission ad-hoc avec des conseillers psychologiques et juridiques ainsi qu’un représentant de l’école et un second référent, car il est important de recueillir la plainte à plusieurs pour éviter les malentendus et désamorcer les biais de perception (la victime peut d’ailleurs demander à être elle-même accompagnée de témoins ou de proches).

La suite du processus dépend de la gravité des faits et des preuves pour en attester. Les sanctions s’échelonnent dans le respect du principe de proportionnalité : pédagogie et sensibilisation sous la forme de travaux d’intérêt général, mesures d’éloignement pour éviter que victime et agresseur se croisent sur le campus ou entrent en contact sur les réseaux sociaux, conseil de discipline et exclusion, voire procédure judiciaire. Auquel cas, l’ESSEC propose à la victime de l’accompagner dans ses démarches, et la direction générale de l’école se porte partie civile.

On peut faire encore mieux… 

Le système prévoit déjà un dispositif de formation continue, à raison de deux sessions par an, pour les référents, psychologues et infirmiers impliqués, à la fois pour mettre à jour leurs connaissances en la matière et pour éviter les déperditions liées au turn-over des équipes. L’ESSEC envisage par ailleurs de s’associer à deux organismes spécialisés pour consolider son action.

Autre enjeu : améliorer la circulation des informations sur le sujet. L’école prépare une série de mesures pour mieux faire connaître les référents et leurs moyens d’intervention à l’ensemble des parties prenantes de la communauté. Surtout, un outil de signalement digital est en phase de test, qui devrait contribuer à libérer la parole, notamment en permettant d’anonymiser les plaintes. Son déploiement est prévu à partir de la Journée internationale des droits des femmes le 8 mars, date hautement symbolique qui marquera également le lancement des Gender Equality Days annuels de l’ESSEC, ainsi que d’une campagne de communication sur les progrès et projets de l’école dans ce domaine.

Une réflexion approfondie en cours

Les problématiques du respect d’autrui sont aussi une question d’éducation. Ça tombe bien, l’ESSEC est une école ! La nouvelle promotion du BBA a ainsi suivi pour la première fois cette année le séminaire Learning Together, durant lequel 16 équipes d’étudiants à Cergy, 2 équipes à Singapour et 1 équipe à Rabat ont réfléchi à la discrimination raciale, à l’égalité femmes-hommes, et au harcèlement en soirée.

Autre initiative du BBA : le lancement du cours Leadership & Management, avec des jeux de rôle, des simulations et des mises en situation autour des thèmes de la discrimination et du harcèlement. Objectif : se questionner sur des sujets sensibles, mais aussi, plus largement, apprendre à connaître l’autre et à l’écouter avec bienveillance.

Du côté de la Grande École, le cours fondamental Individu & Organisation inclut désormais des séances dédiées aux discriminations (raciales, sexuelles, politiques…) et au harcèlement.

On peut faire encore mieux… 

L’ESSEC envisage de fournir aux étudiants qui partent à l’étranger pour un échange ou un stage des fiches conçues par le Ministère des Affaires étrangères leur expliquant les spécificités culturelles et juridiques de leur pays de destination.

Une approche pragmatique que certains professeurs appellent à compléter avec une réflexion plus profonde. Une proposition qui circule dans les couloirs : accroître la place des humanités dans le catalogue des cours, et intégrer des notions d’histoire et de sociologie dans certains enseignements de droit ou de management interculturel, pour lutter contre l’ignorance qui nourrit bon nombre des comportements visés.

Découvrez les articles REFLET sur les actions de l’ESSEC en faveur du respect d’autrui : 

– « La mobilisation s’accélère à l’ESSEC contre les comportements haineux et discriminants »
– « Les étudiants ESSEC s’engagent pour le respect d’autrui »
– « L’ESSEC mobilisée contre les propos discriminatoires sur les réseaux sociaux » 

Et les GENDER EQUALITY DAYS